lundi 5 novembre 2007

Auberge espagnole


J’ai adoré L’Auberge Espagnole que j’ai vu et re-revu, un peu trop peut être. Du coup, lorsque je suis parti vivre mon auberge espagnole, j’avais légèrement fantasmé sur la réalité qui m’attendait (en même temps, partir sans infos sur ce qui m’attendait n’a pas aidé). Mais si mon expérience personnelle ne s’est pas avérée aussi vibrante sur le moment que je l’avais rêvée (la faute à un concours de circonstances), l’aventure n’en reste pas moins quelque chose à faire, si on en a l’opportunité, tant elle s’avère enrichissante.

Pour ma part, je suis moins sûr aujourd’hui de vouloir m’expatrier à l’autre bout de la terre, m’étant rendu compte que le mode de vie européen ou la proximité géographique relative de mes amis étaient des choses bien agréables. Pour autant, j’ai un besoin évident de respiration internationale. Aussi dans ma vie quotidienne, rien ne me fait plus horreur que le nombrilisme franco hexagonal. A l’inverse, c’est un plaisir et un besoin que de vivre dans une ambiance multiculturelle, où les langues (surtout les langues !), les mentalités, les traditions se mélangent.

En ce moment, et pour mon plus grand plaisir, je bagine dans cet environnement, entre un sujet d’étude très international, des cours 100% in English, des intervenants et camarades qui viennent de tous les continents ou n’ont cessé de bourlinguer le monde.
Et si je suis bel et bien en France, au quotidien j’ai surtout l’impression d’être dans une auberge espagnole : sur les 10 élèves qui composent ma section, pas moins de 4 continents et 5 nationalités sont représentés !

Cette véritable Tour de Babel donne lieu à de multiples occasions de fraternité en tout genre qui font mon bonheur. Que de (sou)rires quand on partage nos habitudes et nos goûts, de l’assiette à la musique, quand l’un joue le coach linguistique, l’autre le guide, entre paternalisme et complicité réciproques. Et si bien sûr on ne manque pas de se taquiner sur nos prétendus traits de caractères ou travers, bien souvent la réalité tord le cou aux clichés. Oui mes amis allemands ont souvent des chaussettes blanches mais ils sont aussi de fins gourmets, sans doute bien plus experts en cuisine française que beaucoup d’entre nous. Pendant que ma flemme me conduit à privilégier les pâtes, eux se mitonnent magrets et autres douceurs.

La découverte de notre langue est aussi source de nombreuses rigolades, entre quiproquos dans l’utilisation des mots (« accessoire » devient « à ce soir » par ex.), apprentissage ou tentative d’explication d’une expression du cru difficilement traduisible, etc. L’extase pour le coach ès français que je joue, c’est de voir l’un de mes chers camarades étrangers utiliser naturellement en plein milieu de sa phrase une interjection, un particularisme local ou un parler autre que celui des ouvrages de linguistique ; le signe d’une appropriation totale de notre langue ! Et en échange, eux nous initient à quelques rudiments de leurs idiomes respectifs. Du coup, ça peut donner lieu à des scènes cocasses comme cette nuit où les gens se retournaient sur notre passage, en entendant ce mélange de chinois-allemand-espagnol-français-suédois (bon peut être que les 3 bouteilles de champagne y étaient pour quelques chose...). Dans d’autres domaines en revanche, on s’aperçoit que l’on parle tous le même langage !
Enfin, y a pas à dire, mais les étrangers qui parlent (ou essaient de parler) la langue de Molière, entre pointe d’accent et incorrections qui trahissent leurs origines, moi je trouve ça attendrissant pour ne pas dire craquant…Bon, il paraît que l’inverse est vrai ! ;)

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