dimanche 23 septembre 2007

Nos régions ont du talent

L’autre jour je discutais avec mes collègues allemands quand on en est venu à parler des expressions et autres proverbes bien de chez nous. J’étais impressionné par leur connaissance de notre langue mais un peu déçu quand même de voir que tout ça fleurait – à mon goût – un peu trop le classique voire la naphtaline. Désireux de favoriser leur intégration dans toutes les couches de notre société, je décide alors de leur inculquer quelques expressions plus modernes…Bon le problème c’est qu’il est quand même plus facile d’expliquer « il ne faut pas vendre la peau de l’ours avant de l’avoir tué » plutôt que « y’a pas à tortiller du cul pour chier droit » ou « sortez vous les doigts du cul » (oui, j’étais dans une rhétorique scato)...

On aborde ensuite les particularismes locaux, et il y en a quelques uns par là où nous nous trouvons. D’ailleurs, ce sont 2 ou 3 particularismes du même genre qui seuls peuvent trahir mes origines ; je n’ai en effet pas d’accent et du coup les gens imaginent – par tropisme sans doute – que je suis parisien (bon une fois quelqu’un a cru que j’étais suisse sauf que c’était à cause de l’allure et non de l’accent : il paraît que je faisais « diplomate ou banquier »… ; en fait j’avais juste pas le style 9-3…).

Désirant faire connaître à mes amis teutons les perles locales, je pense immédiatement aux orfèvres en la matière, vous savez les gentils fadas qui vivent regroupés autour de leur Bonne Mèèère ! Faut dire qu’en plus des ce vocable, ils ont un accent truculent et un certain caractère, d’où un mélange souvent détonant. Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si les talk-shows à haute vertu intellectuelle (pléonasme) recrutent quasi-exclusivement dans cette région (ainsi que le Nord et l’Est si on veut être exhaustif).[Petite précision : j’adore cette région chère à mon cœur]

Wiki me vient en aide avec un répertoire des expressions marseillaises les plus typiques, de faire le cacou à péguer, en passant par condé, esquicher, foutre le ouaï, marroner, etc.

Une des références bibliographiques attire mon attention : Le parler gras, glossaire marseillais iconoclaste, de JM Valladier, publié par les Editions du Fioupélan, spécialisées en « diffusion livresque de frivolité(s) narrative(s) ». Je fonce sur le lien où de larges extraits du bouquin sont disponibles. Et là, j’ai passé un long moment à faire mon fangoule à la lecture - à voix haute et avé l’assen bien sûr - de ces définitions, toutes plus drôles les unes que les autres.

Je vous en livre ici deux qui sont d’anthologie :

- cagole (terme que j’adore) : « Hétaïre du trivial maintes fois mythifiée, quintessence d'un stéréotype qui confine au sublime, disséquée, glorifiée, célébrée à l'envie par les chantres de l'ethnologie locale, icône d'une féminité idéalisée aux quatre coins de la Galaxie mais jalousée par ses ersatz, magnifiée pour les esthètes par ses talons compensés, son rouge à lèvres bon marché et son chewing-gum baveux, la cagole et ses avatars, voire ses isomorphes sémantiques que sont la cagoline, la cagolette et la cagolasse, reste et restera pour l'éternité la pierre angulaire, l'alpha et l'oméga de l'univers fantasmatique du mâle marseillais en rut, la seule qui pourra étancher de sa seule présence son inextinguible soif d'absolu. Rideau. »

- débonze (là, c’était une découverte) : « D'équerre, détronché, fracas. Etat crépusculaire de la conscience, parfois paranoïde, voire catatonique, (débonze rime presque avec défonce, c'est pas pour rien). Lucidité mise à mal comparable à la niasquade, mais avec d'autres substances psycho-actives. " Niasquade au litron, débonze au chichon. " (Michèle Torr, " De l'antériorité de la Pensée par rapport à la Matière, ou Comment l'enseignement de Démosthène a changé ma vie ", France-Dimanche n°13712). »

4 commentaires:

Anonyme a dit…

Loin de la promenade des Anglais, je me souviens d'un album d'un des chantres locaux, Aïoli, doté d'un petit lexique adressé aux néophytes du pays. Entendu parlé?
Purée, condé c pas connu en dehors du midi?

Anonyme a dit…

MDR!

meteor a dit…

@kokoro: jamais entendu parlé. par contre, condé, je connais et je suppose que ça parle à tout le monde

@fodsy: les autres extraits du livre sont pas mals non plus

Anonyme a dit…

(errare humanum est) Belèu, c ptre le manque de pastis landais arrosé
Yo !