jeudi 27 septembre 2007

To e-be or not to be, that is the question (2)

C’est dans le même genre de paradoxe que s’inscrit ma relation au phénomène Facebook, dont on entend de plus en plus parler depuis quelques semaines (même la très sérieuse Tribune s’y est mise aujourd’hui ; à quand un reportage au 13h de JP Pernaud ?!).

Pour une fois, j’ai l’impression d’être un peu en avance puisque j’en ai fait la découverte l’année dernière, lors de mon séjour aux USA où beaucoup d’étudiants ne juraient que par ça. Moi qui en étais encore à MSN et n’avais même pas de MySpace, j’étais carrément hors coup. Pourtant, que d’heures passées dans la salle info de ma résidence à supporter les gémissements prénuptiaux de quelques chagasses locales qui gloussaient comme des dindes (en voie de farcissage bien sûr) à la vue du bellâtre – un clone sauce locale de Matt Pokora (à moins que ce ne soit l’inverse) – qui venait de les friend-lister ou de lâcher un comm réfléchi sur leur wall. Autant d’excitation ne préfigurait bien entendu guère plus que quelques échanges bucco-linguaux vu que nous étions dans la prude Amérique – tendance Britney, époque vierge effarouchée –, ce pays bisounoursesque où l’on croit au créationnisme et où on institue des bâtiments alcohol free (les mêmes qui ne sont pas gun free et où on se fait tirer dessus pas ses amis).

Et puis il y a quelques mois, une copine m’envoie une invitation pour rejoindre à mon tour la grande communauté fessebookienne. Comme je suis curieux, j’ai évidemment envie d’aller reluquer un peu son profil (ça fait toujours quelques motifs pour se chambrer après, hein !), ce qui m’oblige à mon tour à en créer un. Je me limite néanmoins au strict minimum, en utilisant cette fois ma vraie identité plutôt que mon double virtuel. Pour moi, le premier (unique ?) intérêt de fessebook est de permettre à des anciens amis ou connaissances de pouvoir retrouver notre trace et inversement, histoire de reprendre contact et plus si affinités. D’où la nécessité de ne pas se cacher sous un pseudo même si ça fait plus trop Homme invisible

En revanche, cette fonction mise à part, je reste encore assez dubitatif sur l’intérêt du truc. Et un peu prudent (parano ?) quand aux conséquences insoupçonnées qu’il pourrait avoir. D’où une attitude pas vraiment pro-active de ma part, bien au contraire. En gros, j’observe ce qui se passe – notamment chez mes amis – et je réponds, éventuellement, aux signaux que je reçois.

Et là survient l’effet Facebook qui m’agace un poil : cette collection d’amis très virtuel(s/le). La semaine dernière j’ai ainsi reçu 2 friend requests assez typiques de ce phénomène :

- l’une émanait d’une fille que j’ai du croiser 2 fois, avec qui j’ai discuté 10 min, et qui ne me disait même plus bonjour les derniers temps (pour ma plus grande douleur). Je suppose qu’elle a vu mon profil chez des amis communs et s’est souvenu qu’elle me connaissait…de vue ! Un moyen comme un autre d’agrandir sa collection…

- l’autre provenait d’une ex-camarade de classe dont je n’ai plus de nouvelles depuis 5 ans et qui n’a même pas gardé contact avec ceux qui étaient ses amis. Et si elle se rappelle à mon souvenir aujourd’hui, je doute qu’on renoue un quelconque contact au delà. Déjà, à l’époque, la gougnaffière faisait sa radasse avec ses exercices de maths (par contre elle était bien contente de me trouver pour ceux d’anglais)…Individualiste un jour, individualiste toujours…

Résultat, après avoir hésité quelques jours entre accepter leur « amitié » et donc l’hypocrisie qui va avec, ou prendre le risque de les vexer, j’ai fini par dire oui, sans conviction.

J’ai d’ailleurs pu constater en visitant les profils d’amis que certains collectionnaient ces « faux » amis : des personnes qu’ils ont rencontré 1-2 fois et à qui ils ont a peine parlé, des anciens camarades de classe auxquels ils étaient indifférents ou dont ils n’ont jamais demandé de nouvelles depuis, etc. Sans compter que s’ils voulaient vraiment se retrouver un jour, ça resterait faisable, via les connaissances communes, les annuaires, google, etc.

A l’inverse, je note qu’avec un certain nombre d’amis qui sont eux aussi sur Facebook, on n’a jamais ressenti le besoin de s’ajouter réciproquement sur nos listes respectives, comme si on avait besoin de ça pour se témoigner notre amitié. Quant aux news, photos ou informations de 1ère importance, on a d’autres moyens de se les échanger, régulièrement ou pas. Certes, avec Facebook, tout le monde peut y accéder d’un coup, ce qui pour les semi-flemmards comme moi peut s’avérer idéal.

Seul hic, parmi mes amis se mélangent des horizons divers (pro, études, autres) et des relations plus ou moins profondes; aussi, je n’ai pas forcément envie de donner le même degré d’accès aux divers éléments qui peuvent figurer sur ma page, pas plus que je n’ai envie de me lancer dans une segmentation (forcément rigide) de ces amis, en définissant notamment des limitations dans le contenu visible selon la catégorie.
Quant à mélanger les mondes virtuels ou réels dans lesquels je gravite, je préfère temporiser pour le moment (1 seule personne du monde réel sait que je bloggue et je ne souhaite pas révéler cette facette à d’autres, de peur de devoir m’autocensurer ensuite). En me baladant ça et là sur quelques profils, j’ai pu constater combien il existait des ramifications insoupçonnées et donc combien « le monde est p’tit ma brave Lucette »…De connaissances en connaissances, on peut faire beaucoup de rapprochements, de déductions…jusqu’aux plus inattendues. Certes, ça ne préfigure pas d’un usage nécessairement hostile, loin de là, mais c’est juste nos propres données qu’on ne maîtrise plus. Ca a d’autant plus un côté un brin flippant qu’il est encore trop tôt pour savoir comme tout cela va évoluer. Sans compter qu’une fois rentré dans la danse, on peut difficilement revenir en arrière, quand bien même on le souhaiterait ardemment.

Du coup, par prudence peut être excessive, je crois que mon activité facebookienne va rester bien calme pour le moment (en même temps, si je peux éviter de me créer d’autres addictions); ce sera juste un moyen de reprendre contact, une sorte de version moderne de Perdu de vue !
Quant à la vraie place de mes amis, elle n’est pas sur ma page Facebook mais bel et bien ailleurs…

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