mercredi 18 avril 2007

American experience: welcome to the (un)real world

En apprenant la nouvelle de la fusillade survenue hier sur le campus de Virginia Tech, je n’ai pu m’empêcher de penser au ressenti qui était le mien lorsque j’étais étudiant dans une université américaine. Comme l’expérience remonte à il y a quelques mois à peine (fin été 06 – début hiver 07), les souvenirs sont encore fortement présents. D’ailleurs, dorénavant, je reviendrai probablement régulièrement sur ce blog sur quelques moments ou anecdotes qui ont jalonné mon séjour.

Mais revenons à ce massacre. L’absurdité de ce second amendement qui garantit aux citoyens américains le droit de porter une arme est une fois de plus démontrée par ce coup de folie. Pourtant ce droit demeure et il semble qu’une majorité – écrasante ? – d’américains soient pour. Dans Bowling for Columbine, Michael Moore montrait cette gun culture qui nous paraît si étrange vue d’ici. Je me souviens notamment de cet adolescent qui devait avoir mon âge et ne comprenait pas en quoi avoir fabriquer quelques litres de napalm « pour s’amuser » pouvait être problématique. C’en était surréaliste…

Durant mes quelques mois passés outre-atlantique, il y a eu 2 ou 3 tueries dans des établissements scolaires, heureusement moins dramatiques en nombre de victimes. Systématiquement, une sorte de peur – ou du moins d’appréhension – m’envahissait quand j’apprenais la nouvelle, comme si je sentais que je pouvais à mon tour être confronté à tout moment à la folie destructrice d’un individu dans ce pays où avoir une arme est monnaie courante.
Habituellement, je ne verse pas dans la paranoïa tout comme je ne suis pas du genre à me sentir en insécurité lorsque je déambule quelque part, fut ce à 4h du matin et dans des rues désertes. Au contraire, ce sont des moments que j’apprécie, voire que je recherche. Mais durant mon séjour chez l’oncle Sam, je me suis senti moins libre dans mes déambulations nocturnes, du moins dans la ville où j’étais. Il ne m’est certes rien arrivé mais le doute voire le malaise m’ont fait adopter une certaine prudence, assez inhabituelle par rapport au comportement que j’ai en France (ou même dans d’autres pays que j’ai visité).

En fait, dés mon arrivée, le ton était donné : des rues désertes un dimanche soir en plein moins d’août dans ce qui est censé être le cœur de la ville, ça jette un trouble ; surtout quand les 3 personnes que vous croisez ont l’air louches et que la seule vie que vous percevez provient d’un flic arrêtant un type à la mine patibulaire. Très vite, j’ai d’ailleurs pu vérifier que personne ou presque ne marchait dans les rues une fois la nuit tombée comme si l’on risquait un guet-apens à tout instant.
Comme pour accréditer cette ambiance pesante, la visite de l’université et de son environnement m’a confirmé qu’on était peut être pas au pays des Bisounours : ainsi notre université disposait de sa propre police chargée de veiller à la sécurité des élèves et des abords du campus. Et toutes les rues étaient équipées, à raison d’une unité tout les 50m, d’emergency box, autrement dit un poste de téléphone permettant d’appeler le shérif en cas d’agression.
Tout ceci me faisait plutôt rigoler jusqu’à ce que 2 étudiants étrangers se fassent agresser en plein jour et finissent en soins intensifs tandis que quelques jours plus tard, dans la résidence universitaire, un autre étudiant se faisait tirer dessus par un de ses « amis » qui aurait tenté de le racketter. Alors que la presse locale s’emparait de ces affaires, la direction de l’Université tentait de reprendre les choses en main et diffusait notamment son Security Report 2005 où l’on avait le compte des agressions aux armes à feu, armes blanches, etc…qui s’étaient produites au sein même du campus ; pas très rassurant. Pour le coup, on se dit que les films et fictions américains peuvent aussi ne pas nécessairement exagérer la réalité. Aussi je pouvais comprendre que des étudiants demandent à la police des les escorter jusqu’à leur résidence en sortant de cours à 22h alors qu’au début je trouvais ça excessif.

Bref tout ça pour dire que je suis beaucoup plus à l’aise en France ou ailleurs, là où je sais que les armes ne se baladent pas en toute liberté et où la violence me semble – encore – un ton en dessous.

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