mardi 17 avril 2007

Transport amoureux

Gare Austerlitz, mercredi 04/04, 17h40. Tu venais, j’attendais. J’ai baissé les yeux, qui es-tu ?

Dimanche 8/04, métro ligne 2, vers 16h. Vous, imper vert très vert sur polo croco rouge, jean noir, lunettes monture bleue. Stop station Pigalle. Sous le choc de votre double. Sous le choc tout court. xxx@orange.fr

Lundi de Pâques, train Clermont-Paris, arrêt technique en rase campagne, votre regard a longuement caressé mes jambes et s’est glissé dans mon décolleté. J’ai adoré votre regard tout comme j’adorerais que vous me contactiez. xxx@libertysurf.fr

S’il y a une rubrique que je ne manque jamais dans Libé, c’est bien celle qui porte ce titre simple et malgré tout étrange à première vue, au cœur de la page « petites annonces ».
Il m’arrive bien de temps à autres quand je lis un journal de jeter un coup d’œil au carnet, ne serait ce que pour comparer les différentes formulations – des plus simples aux plus ampoulées – que l’on peut y lire, mais tout cela est bien fade à côté du ton romantico-désuet propre aux messages de ce transport amoureux.
A l’heure ou les messageries et autres réseaux de rencontres permettent - promettent de trouver l’âme sœur ou juste celle d’un soir de manière directe et explicite, ces messages d’un autre genre, à mi-chemin entre douce naïveté et désarmante sincérité, tranchent par leur singularité. Il est vrai que je suis presque admiratif de ces personnes qui, prêtes à tout pour retrouver l’être qui a croisé (involontairement ?) leur regard dans des lieux aussi banals qu’une rame de bus ou de métro, vont jusqu’à publier un message dans leur quotidien afin de prolonger ces instant furtif. Comme si tout le monde lisait Libé, et particulièrement ses petites annonces. Mais il paraît que l’espoir fait vivre alors chut…laissons les rêver à cette personne qui hante probablement leurs esprits.
Et puis il est toujours touchant de voir le souvenir de cette pseudo-rencontre se résumer à un détail, un geste, un ressenti, parfois cocasse, parfois terriblement banal, au point que n’importe qui ou presque pourrait prendre l’annonce pour lui.
Pourtant, n’ai-je pas moi aussi croisé ou soutenu des regards là dans un métro, là dans un train, là dans un avion, que j’aurais sans doute aimé poursuivre, approfondir ?
Certains griffonnent un message ou un numéro de téléphone sur un bout de papier, d’autres tentent d’engager une conversation, et puis ceux qui n’ont pas osé ou ont réalisé trop tard l’importance de cette apparition tentent de courir après l’occasion manquée, via Libé. So charming.

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