Parce que je le vaux bien ?
Lundi j’arrive à mon travail pour une nouvelle journée que je pressens comme toujours passionnante quand je remarque la présence d’un attirail de photographe et d’une équipe en train de faire des prises de vues.
Quelques minutes après avoir pris mon poste, la personne qui supervise la séance vient me voir pour me demander si j’accepterais de participer à la séance photo. J’ai beau ne pas vraiment aimer qu’on me prenne en photo (il faut dire que sous l’effet du flash je ferme les yeux 8 fois sur 10), j’accepte par politesse dés fois qu’une nouvelle carrière s’ouvre à moi…
Après un rapide coup de maquillage, je me retrouve sous les ordres de la photographe et de son équipe, et sous les regards parfois goguenards de mes collègues. Mais en nouvelle star que je suis, je feins l’indifférence et joue le blasé, comme les vraies…
Comme on ne m’a donné aucune consigne ou conseil, en vérité, à cet instant précis, j’essaye de rassembler dans ma tête les souvenirs qui me restent de Top Model 2005 – vous savez, cette émission de real-tv qui passait il y a 2 ans sur M6 où des jeunes filles apprenaient à devenir mannequins – pour m’acquitter au mieux de ma tâche (de futurs contrats sont certainement en jeux) : comment marcher comme une pouf, comment apprivoiser l’objectif en faisant sa chaudasse, comment avoir l’air naturel alors qu’on ne regarde rien d’autre que l’objectif…
Bon à priori la tâche n’est pas trop compliquée vu que je « joue » mon propre rôle : je dois juste marcher sur une quinzaine de mètres accompagné de 2 modèles qui eux font les clients. Malgré tout, on va faire une dizaine d’essais avec plusieurs prises de vues à chaque passage. C’est qu’il faut calculer sa trajectoire, régler son allure, respecter les distances, rentrer tous les 3 dans le cadre, avoir un regard qui ne part pas dans le vague sans pour autant regarder l’objectif avec des yeux de merlans fris…fiuuu, je comprends mieux ce que vivent Naomi, Kate ou Claudia maintenant ! Néanmoins, après 50 crépitements de flash, ils semblent qu’ils tiennent the cliché ; la séance s’arrête donc là.
Vient alors la partie réglementaire (qu’on aurait du logiquement faire avant) : on me fait signer mon contrat. Ou plutôt je vais signer un papier par lequel « le modèle » (c’est moi !) dit grosso modo amen à tout. L’espace d’1/4 de seconde, j’ai cru qu’on allait me filer quelques centaines dizaines d’euros ou un billet d’avion pour New York ou Tokyo (au hasard) en guise de rétribution mais j’aurai en fait droit à quelque chose de bien plus gratifiant : un merci ! Concrètement, je cède mes « droits à l’image pour une durée de 10 ans » sur ces photographies, cession qui sera « renouvelée tacitement d’année en année ». De plus je ne fais « aucune réserve ni restriction sur les droits d’utilisation ». Y a pas à dire, pour quelqu’un qui a fait du droit et de la négociation commerciale, j’ai trop bien défendu mes intérêts ! Et j’ai même pas osé demander à la responsable marketing son adresse email pour lui envoyer mon CV en vue d’autres échéances. C’est tout moi ça : incapable de faire du rentre dedans…
En fait ces photos vont être utilisées pour faire la promotion du nouveau produit pour lequel je travaille, aussi bien dans les supports de communication internes qu’externes de la société. Je vais donc peut être me retrouver – sans le savoir – sur le site internet, le magazine de bord, des brochures, et ce all around the world…bref, une carrière internationale en somme...mais anonyme aussi !
Bon honnêtement, ça m’amuserait de tomber un jour un peu par hasard sur ma binette – en uniforme s’il vous plaît ! – en parcourant une publication de ladite société. Il m’est déjà arrivé de découvrir dans un journal, sur un comptoir, etc, une pub, ou un flyer par ex., sur lequel j’avais bossé plusieurs mois auparavant et sur le moment on est toujours content à la fois de voir l’effet concret de son travail et de se flatter l’égo en se disant « ah, là, c’est moi qui ait choisi telle phrase ou qui ait imposé tel élément ».
A part ça, je suis juste un peu illogique aussi : j’accepte qu’on publie ma photo n’importe où, sans qu’on me demande mon avis, et à côté je ne montre toujours pas ma tête sur ce blog (j'ai failli cependant)...
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