Confession d'un téléspectateur
De temps en temps, en seconde partie de soirée, mon lundi est consacré à une entreprise de « réflexion autour des problèmes de couple » (dixit l’animatrice) ; oui, je l’avoue, je regarde Confessions intimes, l‘émission qui vient en aide à des gens qui « se trouvent à des moments cruciaux de leur existence » en les affichant devant la France entière…
Si j’aime (au 7ème degré) Confessions intimes, c’est pas pour ses jeunes couples qui après 2-3 ans de vie commune se témoignent déjà leur amour en se parlant comme à du poisson pourri, mais plutôt pour ses plongées au cœur de notre cher pays, à la rencontre de personnages romanesques ou tragiques, c’est selon. Je pense d’ailleurs que les scénaristes de Podium ont du regarder Confessions Intimes.
Et ce soir, on a été servi, avec Jean Paul. Jean Paul, c’est un fan de Johnny, « à la vie à la mort ». Sans surprise, Jean Paul à la totale panoplie du fan de Johnny : banane défraîchie, boucle d’oreille, t-shirt ringard à l’effigie de la star et vieux perfecto avec incrustation du portrait du chanteur dans le dos…Le look top classe quoi…Mais le pire, c’est que tout les 3 mots, Jean Paul ne peut s’empêcher de balancer un « rock-n-roll ! » (ça doit être sa virgule a lui).
La vie de Jean Paul tourne autour de son idole. Dés le réveil, c’est passage en boucle des (vieux) tubes de son chanteur préféré ou DVD du concert. Et là, sa femme a beau lui demander de baisser le son, Jean Paul, il s’en fout ; il est seul au monde avec son Jojo…Et vas y que je reprends « Quoi ma gueule, qu’est ce qu’elle a ma gueule » (pourtant quand on le voit, on a de quoi se poser la question), le tout accompagné de 2-3 déhanchés qui font plus penser à quelqu’un qui titube.
Mais la plus belle démonstration d’amour du fan à sa star, c’est le salon ; là le bon goût atteint des sommets. Imaginez une chambre d’adolescente pré-pubère qui serait tapissée de posters de boys band…et bien là c’est pareil, sauf qu’à la place il y a Johnny…Et quand on aime on ne compte pas, alors Jean Paul a aussi tapissé la cuisine et la chambre conjugale. Et, puis à toute collection, il faut une pièce maîtresse, une relique: ici, c’est une bouteille d’eau que Johnny a lancé lors d’un concert et que Jean Paul conserve comme le Saint Suaire.
Quand Jean Paul daigne sortir de son asile sa maison, c’est pour aller voir Johnny en concert à Bercy. Et il risque pas de le manquer vu qu’il arrive 36h en avance (oui, vous avez bien lu). Et parce que la ménagère de moins de 50 ans, elle aime l’émotion, on a droit à cette belle déclaration touchante de naïveté à la sortie du concert : « A un moment avec Johnny, on s’est regardé dans les yeux et là on s’est compris ». Sortez les mouchoirs…
Le problème, c’est que Jean Paul a une épouse, Sylviane, et 5 enfants, obligés de bouffer du Johnny « à la vie à la mort ». Et là, j’ai beau ne pas être ménagère de moins de 50 ans, de la compassion j’en ai plein pour eux. Notamment, quand avant de s’endormir, Jean Paul relit pour la 40eme fois Johnny magazine ; sans doute sa façon à lui de se préparer à allumer le feu…(oui, facile…).
Heureusement pour eux, TF1 leur envoie une thérapeute (une psy, mais elle veut pas qu’on l’appelle comme ça) pour tenter de recoller les morceaux avant que Sylviane « foute le feu à tout ça ». Et c’est peu dire qu’il faut être désespéré pour faire appel à TF1 pour tenter de régler ses problèmes personnels.
Mais le gage de sérieux de cette émission, c’est qu’elle est produite par Mister Courbet, défenseur autoproclamé du bien et du juste sur la planète audiovisuelle, Zorro des temps modernes qui protège la veuve et l’orphelin des méchants arnaqueurs et escrocs en tout genre…Et c’est peu dire qu’on a affaire à un expert en la matière, spécialisé en commerce du malheur des pauvres gens, le tout sous couvert de pseudo-assistance de mon cul…
Alors, oui, il m’arrive de rire quand je regarde Confessions intimes parfois je ris jaune. Allez, encore un effort et bientôt j’arriverai à me passer de cette émission comme je me passe déjà de toutes les autres de ce Monsieur Courbet.
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