mardi 23 octobre 2007

La route est droite, la pente est forte. Ou pas



Sur la route de l’aéroport lundi dernier, le ciel m’a offert un de ces spectacles simples mais beaux qui rendent songeur le doux rêveur qui sommeille parfois en moi : sur fond d’horizon bleu azur, bercé par la lumière d’un crépuscule automnal, une dizaine d’avions zébraient le ciel de leurs traînées, tandis que l’astre solaire déclinaient ses ultimes lueurs. Un ballet de lignes orangées, faussement anarchique, où tout semblait glisser doucement mais sûrement, dans la paisible harmonie qui engourdie parfois les fins de journée.

Hasard ou coïncidence, encore plus que d’habitude, j’avais comme l’impression de lire en ce paysage céleste une allégorie de mon existence, où disons le secret espoir d’y voir la métaphore de ce destin espéré.

Ces trajectoires rectilignes, dans cette perspective dégagée du moindre nuage, c’est un peu ce que, comme beaucoup, je cherche à accomplir, avec l’idéalisme forcené de celui qui espère et tente de se donner les moyens d’être l’acteur de son propre futur. Bien sûr, au quotidien, il existe des soubresauts ; néanmoins, un rapide regard en arrière m’incite à penser que, jusqu’à présent, j’ai choisi bien plus que je n’ai subi. J’ai des envies, assez précises, un projet, relativement cohérent, pour lesquels j’œuvre depuis plusieurs années. Une certaine chance quand beaucoup se cherchent, une limite éventuellement quand nos œillères rendent terriblement moins séduisante toute autre perspective. Mais des volontés plutôt satisfaites pour le moment.

Aussi, à la veille de ce rendez vous important, tandis que les échéances se profilent et que les incertitudes se font jour, il était tentant de se raccrocher à ces espoirs de lignes droites. Et doux de voler vers la capitale, comme on irait vers la concrétisation d’une nouvelle étape, significative pour ne pas dire cruciale, dans l’esprit sinon les faits.

Avant d’en arriver là, il fallait séduire, où, si l’on est plus mercantile, se vendre. Est-ce grâce aux pouvoirs de mon élément fétiche que l’exercice m’a paru plutôt réussi ? Disons plutôt, quitte à paraître prétentieux, que je n’étais sans doute pas là par hasard, aux portes d’une maison à laquelle j’aspire depuis longtemps et qui agit sur moi comme un aimant. Pas besoin de tricher, d’en rajouter, juste être soi. Pour le reste, alea jacta est.

Malgré tout, avant même d’avoir une réponse, je sais déjà cet espoir caressé très probablement déçu. Une raison de dernière minute, qui enraye la mécanique. Un détail technique, sur laquelle je n’aurai sans doute que peu (pas) de pouvoir. Et quand bien même je finirai par en avoir, un détail qu’il me semble difficile à accepter, plus encore au stade qui est le mien. Entre prétentions et exigences, idéalisme et réalisme.

La conjoncture remplace les conjectures. Adieu les projets, bonjour le concret. Dans un impossible calcul de probabilité, me voilà bon pour une longue hésitation, un questionnement sans fin et surtout à l’aveugle, d’où il faut pourtant sortir une réponse. Certes je suis compliqué, régulièrement pétri d’envies et/ou besoins contradictoires mais je sais aussi prendre une décision, trancher. Sauf que généralement l’implication est limitée, la portée plutôt court termiste. Là on touche au futur, sans réelles frontières, de temps ni d’espaces. Pas de certitudes, juste des hypothèses, tout et rien à la fois. Le brouillard, l’intuition pour seuls guide. La quadrature du cercle.

Alors, certes, ce n’est nullement la fin du monde, juste une instabilité qui peut durer, une incertitude qu’il faut accepter, là où on rêvait davantage de garanties, de balises. Un degré de liberté, une part de libre arbitre mais un chemin éclairé, à moindres risques.

Et me voilà quelque peu perdu dans ces flots, ballottés entre ces choix, ce futur qui n’a pas vraiment commencé mais qu’il faut déjà orienter. D’autres sont passés par là, et tout cela n’est rien à côté d’autres étapes de vie. Mais le côté impatient et exigeant qui m’habite n’aime pas rater ses débuts, perdre trop de temps dans les chemins détournés, du moins dans ces situations là. Reste les avis que l’on sollicite à droite, à gauche, mais qui au final ne rendent que plus évidente la problématique de fond : il y a des choix à faire, des risques à prendre, et personne d’autre mieux que moi ne peut prendre ces décisions qui me concernent.

Bienvenue dans la vie active ! Et ça ne fait que commencer…

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Merrill Lynch
:))
t'as déconné sur ce coup là !

meteor a dit…

Non, c'était Lehman Brothers ;)