Ce n'est qu'un au revoir mon frère
J’ai commencé par suivre tes aventures à distance. Alors que je t’avais découvert dans une certaine indifférence, petit à petit tu as su éveiller ma curiosité, puis mon intérêt. Pendant longtemps tu es resté pour moi un élément virtuel. Jusqu’à ce jour où, après quelques mois de patience, tu as pénétré la sphère qui me tient lieu de monde réel. Comme toutes les bonnes choses, tu t’étais fait attendre, désirer même. En mon fort intérieur, tu semais déjà un certain trouble : tantôt j’espérais cette issue avec hâte, tantôt je ressentais le besoin de ne pas la précipiter et préférais laisser agir le temps, les circonstances. Sans doute m’attendais-je à une rencontre, probablement sympathique, mais sans lendemains, d’où cette réserve qui était la mienne parfois.
D’ailleurs, tu as débarqué dans ma vie un peu par surprise, un dimanche, alors que je ne m’y attendais pas. Pourquoi, ce jour là, suis-je sorti de l’ombre et ai-je osé franchir le pas pour aller à ta rencontre ? Probablement une curiosité à assouvir, l’envie de mettre enfin une réalité sur ce nom.
Très vite j’ai senti qu’il se passait quelque chose. En quelques minutes, tu m’avais attrapé dans ton filet; la sensation d’être dans un jeu, l’effervescence que l’on sent monter, la griserie qui nous prend voire nous emporte.
Je me souviendrai longtemps de cet instant où notre rencontre s’est faîte. Entre timidité et excitation, je n’osais pas t’approcher de trop près. Enfin, tu étais devant moi, et quelque part, à moi. Que dire sinon que tu ne me laissais pas indifférent: sous une armature solide, masculine à souhait, tu n’en dissimulais pas moins quelques touches moins brutes, dénotant un mélange de douceur et sensibilité; hmmm, difficile de ne pas craquer…
Au crépuscule de cette première rencontre, un sentiment de plénitude m’habitait. Et au moment de m’endormir, tu étais l’obsession de mes pensées. Qu’il était doux de rêver à ce futur qui, j’en étais sûr, nous attendrait.
J’entrevoyais déjà les chevauchées merveilleuses, à toute heure du jour et de la nuit, ces moments d’une intensité toute particulière que tu me ferais vivre, ces plaisirs dans lesquels nous communierions.
Bien sur, j’avais un peu peur pour mes petites fesses mais très vite j’avais compris que le plaisir finirait par faire passer toute éventuelle douleur.
Progressivement, j’ai appris à t’apprivoiser, à te découvrir, à tenter de te maîtriser aussi, tandis que toi-même tu n’as pas manqué d’essayer à ton tour de dompter ma fougue, tant j’étais parfois prompt à m’enflammer, en jeune impétueux que je suis.
C’est peu dire que je tu occupais mon esprit et que très vite tu es devenu une composante incontournable de mon quotidien. Certes je savais cette aventure éphémère, mais le cœur à ses raisons que la raison ignore. Et signe de cette relation privilégiée qui étais née, l’idée de te perdre m’angoissais terriblement.
Pourtant, il a bien fallu accepter l’issue tant redoutée, et se résoudre à passer à autre chose ; il y a des choses que l’on ne maîtrise pas.
Quand je t’ai vu pour la dernière fois, début septembre, l’émotion était palpable, presque trop forte pour me permettre de profiter de ces derniers instants à tes côtés avant longtemps.
Après un dernier regard, je suis parti, le cœur lourd, l’esprit troublé. Ce soir là, la valise que je traînais pesait lourd, bien au-delà de son simple contenu.
Maintenant que tu es loin de moi, le manque est terrible. Restent les souvenirs, les images, bien pâles cependant à côté de l’intensité de ces instants vécus, à jamais figés dans mon inconscient.
Reviens moi vite.
Je t’aime…Vélib’ : D
7 commentaires:
Excellent ! J'y ai cru jusqu'au bout... Quelle verve sur le vélib... !
Parce que je me suis fait avoir également même si je ne voulais pas y croire.... encore un joli garçon de pris.. sniffff ;-)
magnifique. pour une fois, j'ai tout lu, sans lire en diagonale, pris dan TON filet, jusqu'au bon. c'est demain dimanche... ;)
@all: je suis content de voir que mon "piège" a fonctionné, héhéhé...
Utiliser ces roues, les laisser me guider, m'emmener, me pousser sur le chemin que je compte emprunter ou bien user comme autrefois de ces extrémités qui me firent voyager, traverser tant de lieux, tant d'épreuves et qui malgré leur vitesse régulée, leur fatigue assurée me porteront toujours vers ces endroits prospères où mon âme s'égard alors que serein je déambule dans ces rues et que tu passes, usager de ces roues, à portée de ma main. Prends moi donc derrière toi et laisse cette hâte griser mon esprit jusque là habitué à une allure mesurée.
Gamin-partisant du 8 roues, jamais je n'aurais telle relation avec un vélib.
Tout encore me ferai-je tirer par un vélib... euh tracter.
Dure réciproque de tracter un vélib pour un bipède, à moins de faire comme un traineau de husky, attaché avec une corde et un ceinturon... bouh ca devient compromettant.
Bref,
Chapeau Bas
@incipio: je devrais plutôt me taire après ces belles lignes mais je ne peux que confirmer combien ces roues peuvent elles être sources de voyages, de souvenirs, d'émotions, quand bien même elles nous conduisent sur ces banals chemins du quotidien qu'elles transforment alors en voies du bonheur
@kokoro: Vélib' ne me tracte pas (ou inversement), Vélib' m'emporte !
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