jeudi 18 octobre 2007

Fétichisme

Voilà au moins un an qu’elle avait disparu, probablement égarée au cours d’un de ces incessants emménagements. Triste fin pour un objet fétiche.

Un bout de textile certes, mais pas n’importe lequel : celui qui, lorsque on le revêt pour la première fois, symbolise en quelque sorte le passage de l’adolescence à l’âge adulte, fait de vous un Homme et plus un enfant. Une composante du dress code quotidien de millions d’individus, qui traverse les cultures et les époques, sans véritable utilité ni fonction, sinon celle d’être l’expression d’une fonction ou d’un rite immuable, intériorisé et répété de générations en générations. Elément de distinction et de pouvoir pour les uns, de conformisme pour les autres, qui tient autant du classicisme que du dandysme.

Un an de deuil donc…pour une cravate. A ceci près qu’il s’agissait de ma première cravate, achetée il y a quelques années alors que je devais rejoindre la sphère des cravatés à l’occasion de simulations in vivo des entretiens de concours. Auréolée du souvenir presque ému que l’on porte aux premières fois, et de l’attachement qui peut en résulter, tout autant du rang de favorite qu’elle avait gagnée en apportant juste ce qu’il faut d’élégance, sans une once d’ostentation. Une tonalité unie, un noir intense, rehaussé par la légère patine de la soie. Une apparence que quelques uns jugeraient austère là où je ne vois qu’une sobriété non moins dénuée d’élégance, au caractère dépouillé et intemporel, vecteur d’une certaine classe selon moi.

Un choix qui, associé à un costume noir et une chemise blanche (comme si j’avais voulu pousser à son paroxysme cette dichotomie de couleurs – ou plutôt de non couleurs –), m’a valu des compliments tout autant que des réactions moins laudatives lorsque j’ai fait mon entrée dans le club, ainsi vêtu. Non, je ne cultivais pas le look garçon de café pas plus que je n’étais en deuil. J’assumais totalement ce choix, content quelque part de provoquer des réactions et de cultiver une certaine différence, aux antipodes du paysage chamarré (et souvent de mauvais goût) arboré par beaucoup de cravatés.

Et si ma collection s’est agrandit, cette cravate noire est restée ma cravate fétiche, celle des occasions majeures, où il faut se vendre ou faire passer un message particulier, entre fond et forme, verbe et image. Car bizarrement, avec elle, je me sens plus à mon avantage dans ces moments là.

Aussi, était-il inenvisageable de m’en passer à vie.
Malheureusement, malgré mes recherches (jusque sur E-bay), impossible de retrouver ce modèle dans sa maison d’origine pas plus qu’un simili plus ou moins équivalent ailleurs (oui, je suis très difficile). Jusqu’à la divine surprise, il y a quelques jours: un clone exact est en vente, ô jolie coïncidence, dans la boutique même où je l’avais achetée. Inutile de préciser que la note qui s’annonçait, salée, ne m’a pas dissuadé longtemps. Il y a des choses qui n’ont pas de prix…

Et c’est peu dire que je me sentais presque un autre homme mardi quand j’ai fait mon nœud de cravate avant ce rendez vous important que j’avais !
Bon, par contre, j’ai beau regarder des vidéos et sites spécialisés sur le web, j’ai toujours autant de mal à faire un joli nœud…;)

5 commentaires:

ekkooo a dit…

Parce que moi c'est pareil pour mes vêtements de tous les jours...
Pour la plupart, il faudrait carrément que j'achète 2 ou 3 fois le même produit pour pouvoir le porter tout le temps.
Certains te diront que la cravate est un symbole phallique, du passage du petit garçon à l'homme viril...

meteor a dit…

Bienvenue au club !
(Tu vois du phallique partout en ce moment ;) )

[Nicolas] a dit…

Intéressant, je pense que je vais souvent penser à toi en nouant mes cravattes mainenant et cette semaine en allant faire un peu de shopping annuel pour trouver des fringues qui me plaisent. Bien à toi ;-)

meteor a dit…

@Nicolas: une condition: que ta cravate soit noire !

Anonyme a dit…

http://dimi1981.skyrock.com
http://cravate.over-blog.fr