jeudi 20 septembre 2007

Baisse la tête bizuth ! (2)

Après l’amphi de bienvenue, l’étape suivante est la réalisation de petits défis un peu potaches : du genre se faire prendre en photo déguisé en pute à côté d’un flic, faire trempette dans le bassin du jardin public ou se foutre à poil rue de la verge. Mais en fait tout le monde attend surtout le point culminant de cette semaine de bizutage d’intégration (oui, le mot bizutage est proscrit !) : le week end orgiaque qui scelle notre appartenance à cette parfois curieuse population…

Et rien que pour le trajet en lui-même, y a de quoi dire.

Pas moins d’une quinzaine de cars sont nécessaires pour acheminer tout ce petit monde jusqu’à la station balnéaire où se tiennent les réjouissances. Une seule consigne : chacun doit amener une bouteille, un paquet de cigarettes et un jeu à gratter. Inutile de préciser que les bizuteurs collectent tout ça fissa au nom de la communauté…mais pour leur usage exclusif…C’est un peu du racket (la loi du marché mon frère, il y a les baiseurs et les baisés…) mais on se venge en achetant de la piquette. En même temps vu l’état de certains, je ne suis même pas sûr qu’ils soient encore en état de faire la différence au moment où ils la consomment.

Avant même le départ, ça sent le nawak. Parmi les bizuts, chacun se demande à quelle sauce il va être mangé pendant les 5h de trajet en voyant les bizuteurs, vêtus (si l’on peut dire) de tenus pour le moins assez peu conventionnelles, charger munitions et carburant (pas celui pour le car).
Et dés la montée dans le bus, on passe sous les fourches caudines de la sulfateuse. En gros on ouvre la bouche bien grand, pour récupérer le mélange – alcoolisé bien sûr – qu’un bizuteur nous verse jusqu’à son bon vouloir. Il vaut mieux aimer ça (j’ai eu de la chance, c’était de la vodka J) vu qu’après on y a droit pendant les 5h à raison d’une fois toutes les 10-15 min. C’est la version humaine du gavage, mais à l’alcool pour que le foie ait plus de saveur sans doute…Evidemment certains anciens un peu vicieux prennent un malin plaisir à vous chatouiller la glotte avec le jet (de la sulfateuse, bien sûr) et il est alors difficile de ne pas tout recracher si on ne veut pas s’étouffer…à moins d’être super entraîné…

A peine le car est-il parti que défis et jeux en tout genre s’enchaînent. Attention, c’est du lourd ; à côté, Questions pour un champion c’est de la gnognotte. Evidemment le sort m’a désigné pour inaugurer la série. Là il s’agissait de danser un slow dans l’allée du car tout en « chauffant à mort » (je cite) l’autre heureuse élue. Encore faut-il pouvoir tourner voire tout simplement bouger dans l’allée, chose difficile quand votre cavalière fait 1m³…Comme Jean Claude Dusse je n’ai pas conclu mais en même temps ça m’arrangeait bien…
D’autres ont eu le privilège de faire la doublure son d’un film porno, de montrer leur talent pour enfiler des préservatifs (en utilisant un concombre quand même), de manger à pleine dents un oignon cru. Les filles ont du ramper sur un parterre de garçons en sous-vêtements étendus dans l’allée centrale, monter une ribambelle de soutifs, on s’est beaucoup bisouté (sans la langue si je me souviens bien) et on a beaucoup pratiqué la poésie les chansons paillardes…Dans d’autres cars, c’était après midi dégustation, jugez plutôt : « bizu-chien » (manger de la patée pour chien), « bizu-chat » (manger des sardines trempées dans du lait) et le défi «gauche contre droite» qui oppose les deux hémisphères du car dans une joute terrible où il faut se faire passer un chamallow ou un bout de camembert de rangée en rangée…et surtout de bouche en bouche car l’usage des mains est proscrit ! Imaginez l’état de la chose après une bonne vingtaine d’échanges bucaux-bucaux…Ajouté à la châleur, la route et l’alcool, les têtes tournent vite et la douche romaine n’est pas loin si vous n’êtes pas réactif... Et bon appétit bien sûr.

Et comme on a aussi une image à tenir, autant en faire profiter tout le monde et notamment les autres automobilistes. Là c’est le domaine réservé de la tribu mâle (mais pour combien de temps ?) qui se pratique dans le cadre de l’exercice baptisé « bizu-cul » ; oh, le principe est très simple (de sorte qu’il soit compréhensible et réalisable à 3g aussi): quand un bizuteur prononce la formule susdite, les hommes du car, préalablement positionnement aux fenêtres et à l’arrière, se défroque de l’arrière et collent leur postérieur contre la vitre histoire de recréer une belle galerie de portraits…Une forme d’art moderne. Les non-exhibs hésitent un peu au début et puis on comprend très vite qu’il faut jouer le jeu. Perso, je n’ai pas de jouissance particulière à montrer mes fesses à toute l’autoroute mais bon ça fait parti du truc. Au moins, ça a bien fait rigoler mes amis quand je leur ai raconté. De toute façon la vidéo est sur Youtube alors je ne pouvais pas démentir…Et puis les automobilistes ont quand même une certaine chance car ils ne voient pas nécessairement le visage du propriétaire ; et pour certains, ça vaut mieux…(d’ailleurs, on devrait faire une étude sur la problématique suivante: « Tel cul, tel tête ? »).

Dernière étape et pas des moindres : la pause sur l’aire d’autoroute…ou plutôt la bataille rangée. En effet, ça sent le coup monté ; tellement d’ailleurs, qu’une partie des cars seulement rentre dans l’affrontement, les autres préférant passer outre, faute de munitions ou, pour les chauffeurs, par peur des conséquences sur leur machine. Car, en gros, pendant 15 min c’est la guerre, tribu d’un car contre tribu d’un autre – et au final chacun pour soi et Dieu pour tous – avec dans le rôle des légionnaires boucliers humains les gentils bizuts, tandis que les bizuteurs ont la haute main sur les munitions : farine, œuf, mousse à raser et histoire d’apporter une petite touche fraîcheur, légumes pourris et poissons pas de première main. Ca vole dans tous les sens, les balles perdues fusent, les coups bas aussi (va que j’arrive par derrière et que je t’écrase un poulpe ou une tête de thon en pleine poire). A la fin, tout le monde ou presque est bien crade et il ne reste plus qu’à faire la queue aux toilettes pour tenter d’enlever le plus apparent. Evidemment, la fin du trajet se passe dans une atmosphère bien odorante, et si vous n’aviez pas déjà envie de vomir, normalement cette fois c’est bon ! Quant à la station d’autoroute, c’est encore pire puisque vu l’état dans lequel on l’a laissé, ils ont du la fermer pendant 2 jours le temps de tout nettoyer…Il va sans dire que le directeur, pas au courant de nos exploits, était ravi de recevoir un appel de la société gestionnaire lui annonçant nos exploits…Néanmoins, j’avoue que ça reste un grand souvenir et un vrai moment de défoulement total. Et régulièrement, j’aurais bien envie de dire : « On remet ça ? »…

4 commentaires:

Anonyme a dit…

La vidéo, la vidéo !!!
Des culs nus, des culs nus!

Téh t'as pas fait l'hélicoptère?

meteor a dit…

Pour la vidéo, never ever...
Quant à l'hélicoptère, kézako ?!

Anonyme a dit…

à l'escem, il n'y a pas de bizutage.
J'en garde un excellent souvenir.
Il a toujours fait beau dans les landes au bord de l'océan

meteor a dit…

@hugo: mais moi aussi j'en ai un excellent souvenir. Et c'est pas vraiment un bizutage: outre que cela est interdit, ce qu'on nous fait "subir" est plutôt gentillet.