dimanche 23 septembre 2007

Samedi soir sur la terre


Après plusieurs jours d’intense frénésie, il était évident que ce week end se jouerait au ralenti. J’apprécie pourtant ces périodes où l’hyperactivité le dispute à la nervosité, même si sur le moment j’ai régulièrement hâte d’en finir. Cette pression, voire ce semblant d’hystérie, qui accompagne souvent ces instants a quelque chose d’excitant ; une sorte de défi qui nous est lancé et que l’on se doit de relever, d’ultimes difficultés qu’il faut affronter dans un maelström de semi douleur, d’impatience et de quasi-ivresse, tel le marathonien qui entame un dernier tour de piste avant de franchir la ligne d’arrivée. On sait que la délivrance est proche et avec elle la satisfaction d’être allé au bout et de pouvoir goûter à des instants plus relaxants.

Et alors que je pensais mercredi en avoir fini avec cette tâche qui m’occupe depuis plus de deux semaines, il a fallu que le sort en décide autrement ou plutôt que le naturel revienne au galop. Sans doute moins par conscience que par besoin d’avoir en main une partie des opérations, je me suis retrouvé plus que raisonnablement occupé, aux prises avec d’incessantes contingences, là où j’aurais pu profiter d’une égoïste mais douce quiétude. Des lignes à écrire, des pages à relire, des retouches à apporter, voilà ce que je me suis infligé, dans une lutte contre le temps et contre moi-même aussi, où il faut mettre de côté une partie de ses convictions et freiner son tempérament, pour aller droit à l’essentiel, s’il n’est pas déjà trop tard. Alors on grogne – intérieurement –, on en a marre, on y laisse une part d’efficacité, mais on pressent aussi déjà le soulagement qui viendra, après. Une soirée fichue, une nuit très courte, le sacro-saint repas-pause de midi qu’on fait sauter, les derniers instants sont comme souvent le paroxysme de l’effort.

Une fois l’épreuve terminée, le plaisir d’en avoir fini est évident. Mais encore faut-il pouvoir évacuer progressivement la tension accumulée et ne pas passer en un instant de la suractivité à l’inactivité. Et en ce vendredi, rien de mieux qu’une soirée rugby pour parachever le chapître, entre apéro pré-inaugural et verre-post-célébratoire. Foule des grands jours, atmosphère de fête entre légèreté et fraternité collective, son des bandas et senteurs de frites, on en profite alors pour se laisser aller.

Et une fois rentré, qu’il est bon de savoir que le lendemain, le réveil ne sonnera pas. Qu’importe la fatigue ou les tourbillons, en ce soir où sérénité se conjugue avec liberté et horizon dégagé, il est l’heure de revenir à de douces coutumes, de celles qui, dans la torpeur de la nuit, avaient pris l’habitude de m’accompagner lentement dans les bras de Morphée.

La nuit passée, l’envie d’inertie se confirme et coule déjà dans les veines. Ne rien faire, refuser les contraintes, prendre enfin son temps plutôt que de courir après, voilà l’esprit du jour, et du prochain sans doute. Accompagné par quelques lectures, un DVD, des notes de musique et une courte escapade vespérale. Pour une fois, point de regret de ne rien faire. Juste la satisfaction de pouvoir enfin y goûter.

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