mercredi 12 septembre 2007

Tout est une histoire d'A.

J’avais prévu quelque chose de léger ce soir et puis la journée a eu raison de mes envies facétieuses. Même Anne Sophie de la Coquillette et Tata Myriam ne seront pas d’un grand secours pour une fois. Seule la musique bercera peut être mes circonvolutions cérébrales, pour peu que je trouve des notes plus apaisantes qu’entraînantes, qui n’éveillent pas pour autant en moi des images ou des sensations qui auraient alors tôt fait de me faire verser définitivement dans le pathos.
La fatigue et l'influx laissés ça et là, sources de plusieurs coups de barre depuis le réveil, ont probablement suffi pour me mettre à fleur de peau, cet état tangent où un rien suffit pour déclencher ce que j’appelle spleen, curieuse sensation localisée quelque part entre l’esprit, le cœur, voire l’estomac quand il vous prend aux tripes.
Plutôt que de rejouer le mythe de Sisyphe en luttant contre l’assoupissement qui me gagne – fatigue oblige – et d’adopter les postures les plus inconfortables pour ne pas décrocher de mon bureau, je devrais raisonnablement rejoindre Morphée (aaaaah, des braaaas !) et passer à demain. Sauf qu’en esprit tout en contradiction, je vais sans doute hanter mon corps de pantin désarticulé jusqu’à une heure avancée de la nuit, par détestation viscérale des couchers quasi-vespéraux.

Et comme je n’en suis pas à une contradiction prés, j’aurais eu envie de sortir ce soir, juste pour sentir une présence et avoir l’occasion de partager, un fou-rire, une émotion, un instant, plutôt qu'un énième tête à tête avec mon ordinateur. La fatigue bien réelle eût alors été peu de choses face à cette promesse de joie simple ou d’euphorie.

Si les envies de ce soir ne sont pas fondamentalement nouvelles, le manque est plus palpable encore quand rejaillissent en mon inconscient les souvenirs et les lumières de la ville du même nom.
Certes, la migration provinciale ne signifie pas un passage aux ténèbres (et la météo me démentirait) mais le brillant est propre aux lieux d’exception et c’est cette différence qui rend l’expérience encore plus grisante, permettant au fond et à la forme de s'unir dans une symphonie vertigineuse qui ne peut que sublimer le moment. Et quand l’accoutumance se crée, la redescente est logiquement difficile, l’enchaînement des réjouissances masquant alors les éventuelles inflexions que 5 mois de vie en faux rythme pourraient provoquer.

Cette sensation c’est sans doute celle que le comédien de théâtre ressent au tomber du rideau ; le temps de reprendre son souffle, l’intensité unique de la scène lui manque déjà, quelque soit ce que qui l’attend en coulisses.

Et ce soir, passé le tourbillon du retour et de la rentrée, je prends conscience de ce manque. Les amis sont loin, les lumières aussi, les habitudes sont à oublier. Dans cette ambiance de lendemain de fête, seule la mémoire demeure, accentuant l’impression de solitude et ce besoin – pris dans une acception large – affectif : aimer, être aimé, autrement dit partager, échanger, bref l'essence même d'une relation quelque soit l'équation retenue selon moi.

Ca y est, le mot est lâché. Sauf que dans mon esprit (compliqué ?), il y a de nombreuses façons d’aimer quelqu’un et de le lui témoigner ; quelque part, ne porte-t-on pas une certaine forme d’amour, au sens de fort attachement, à ses amis ? En revanche, il n’y a qu’une seule personne dont est in love, celle à qui l’on réserve la majuscule et la formule magique, sur fond d’Hymne à l’A…bien entendu, et surtout la seule pour laquelle résonne la passion. Et si il y a des indices qui ne trompent pas, je suis convaincu que ce stade s’atteint progressivement.

Bien sûr, qui ne voudrait pas y goûter sous cette forme-ci, la plus aboutie, la plus intense et la plus rare aussi, celle que l’on croît parfois le fruit d’une quête que l’on suppose désespérée et qui peut aussi vous tomber dessus, au hasard d’une rencontre qui prendrait des allures de compte de fée. Pourquoi ne pas se satisfaire sinon d’une base qui s’embarrasse moins de certitudes et de profondeur mais offre un heureux compromis entre des envies mutuelles, et s’avère au moins source de bons moments partagés.
Et puis, restent toute les autres formules, les plus pures car dénuées d’ambiguïté, souvent celles qui sont le plus insensibles aux aléas et au temps, basée sur une notion belle et noble qu’on appelle amitié.

Dis-moi cher et fidèle oreiller, pour ce soir, on choisit quoi ? ;)

Addendum Wikipédia :

Pour décrire l'Amour en grec ancien, il n'y a pas un mot, mais quatre :

· Eros (ἔρως) : L'amour naturel, le désir, le plaisir corporel

· Philia (φιλία) : L'amitié, l'amour Absolu, inconditionnel, le plaisir de la compagnie

· Agapè (ἀγάπη) : l'amour divin, universel

· Storgḗ (στοργή) : l'affection, l'amour familial.

(Quelle sagesse ces philosophes grecs ; je ne me sens pas helléniste pour rien !)


[A suivre (sans doute)]

2 commentaires:

ekkooo a dit…

Parce que j'ai l'impression que plus tu livres sur ce blog plus tu te caches...
J'aimais bien la photo d'avant... enfin surtout celui qui était dessus... ;-p

meteor a dit…

sans doute en partie vrai…
mais l’état d’esprit est instable ces temps ci et les contradictions aussi nombreuses que les changements de direction
quant à la photo, il y a une raison à sa disparition ; mais rien n’est figé là aussi ;)