mardi 18 septembre 2007

Tout est une histoire d'A. (2)


On a mis une année à vraiment faire connaissance, avant ensuite de rattraper le temps perdu, quitte à perturber de nombreux cours par nos conversations incessantes et parait-il pas du tout discrètes. Ca a beaucoup jasé autour de nous et pourtant la situation a été rapidement claire, et d’une limpidité totale et évidente depuis. Aujourd’hui, c’est toujours un plaisir que de se voir après quelques heures comme de longs mois de séparation. J’aime son énergie, sa bonne humeur comme je suis parfois exaspéré devant cette hyperactivité. Mais l’avantage avec elle, c’est que je n’ai jamais besoin de tricher.

Pourtant, on a beau être de très bons amis, elle ne sait pas tout de moi. Et inversement. C’est un peu ma faute ou plutôt mon souhait d’ailleurs ; j’ai beau l’apprécier énormément, avoir avec elle une complicité plus poussée et une moindre pudeur qu’avec la plupart de mes autres ami(e)s, je n’en garde pas moins à mon propos une part d’ombre comme j’aime ne pas forcément tout savoir sur ceux qui me sont chers. En laisser pour plus tard en quelque sorte.
Cependant, le propre d’une relation sentimentalement forte c’est aussi de partager des choses et d’avoir une certaine franchise. Et là, j’avais peut être quelques gages à donner, d’autant plus que ces temps derniers j’avais moi-même soulevé des voiles, par imprudence ou envie inavouée, sans pour autant me défaire d’un quasi mutisme après coup.

Elle est ainsi la seule personne me connaissant dans la vie « réelle » à savoir que je tiens un blog; dans la joie de nos retrouvailles après de longs mois sans se voir, je lui ai fait en juin cette confidence que j’ai presque immédiatement regrettée. D’une part en prenant alors conscience que je souhaitais garder pour l’instant cette occupation secrète et d’autre part parce qu’en agissant de la sorte je la soumettais à la tentation et, par ma fin de non recevoir, à la frustration. Car, paradoxalement, je n’envisage pas un instant de lui donner l’adresse de ce site (j’aurais l’occasion sans doute un jour d’y revenir). Et pourtant, cédant à l’envie d’en parler un peu plus sans rien dévoiler, j’ai failli me trahir en lui donnant notamment un mot clé assez spécifique qui lui aurait pu lui servir de sésame pour remonter sur ce blog. Pris à mon propre siège, j’en ai alors été quitte pour un bon fou rire – catégorie nerveux – en plein Marais, où les passants nous regardaient bizarrement. Et surtout, j’ai du me livrer à un exercice de rétro-pédalage dans la semoule semi-mythomane pour la dissuader d’essayer de me retrouver (en prétextant grosso modo que j’avais les moyens techniques de l’identifier si elle passait par ici).

Elle semble aujourd’hui avoir compris mes raisons même si la curiosité la démange encore, sans doute parce que j’ai accepté de lui en dire un peu plus, histoire de compenser et de ne pas refermer une porte que j’avais là aussi – consciemment ? – légèrement entrouverte. C’était un dimanche d’août, au moment de nous quitter après avoir partagé un brunch ; alors qu’elle traversait une passe difficile et affichait – chose exceptionnelle chez elle – une certaine mélancolie, j’ai fait un parallèle très elliptique entre elle et moi, juste pour lui signifier que je comprenais ce qu’elle vivait et lui témoigner ainsi, en pudique autiste de la compassion que je suis, une forme de soutien. Et alors qu’elle me regardait intriguée, je lui ai fait signe que je n’en dirais pas plus, au moins sur le moment. Les jours suivants, elle a tenté de me relancer à une ou deux reprises, en annexe d’emails échangés, tout en comprenant sans doute que j’entendais maîtriser le jeu. Car si j’hésitais, quelque part le soubresaut de doute qui m’habitait valait déjà tacite acceptation intérieure de la confidence. J’ai donc commencé par lui narrer quelques éléments un soir où mon état d’esprit s’y prêtait; pas de révélation tonitruante, juste des faits, certes tournés de manière sibylline mais néanmoins exacte. De quoi apporter des éclaircissements tout en suscitant inévitablement d’autres questions.

Et puis la semaine dernière, peut être porté par un cadre enchanteresse que je connais par cœur mais retrouvais avec plaisir, il m’est apparu évident que je devais, voulais sans doute, inconsciemment, allait au bout de cette discussion. Et les heures précédents notre rencontre n’y sont sans doute pas étrangères.
Lorsque est venu le sujet, et alors que je ne savais pas trop comment me lancer, elle a eu l’astucieuse de retourner – quelques secondes durant – la situation par une question. Une seule, mais une bonne, à laquelle elle avait trouvé par elle-même la réponse. Dés lors, il était facile pour moi d’enchaîner et de lui faire mon récit, que seule l’heure avancée parviendrait à arrêter.

Elle en sait maintenant bien davantage sur mes derniers mois et, au-delà, sur une partie de moi-même ; c’est sans doute mieux ainsi. Entre encouragement à respecter une part de ma liberté, occasion de partager certaines choses, au présent puis à l’avenir, et plaisir pour moi de conforter cette amitié, en parlant, tout simplement, et en sortant un peu d’une situation parfois schizophrénique, cette discussion a eu, sans surprise, un effet totalement relaxant.

Comme souvent avec moi, le plus dur est de créer cet état de confiance, de connivence, de proximité et de compréhension mutuelle, celui où la liberté dans les paroles, la sincérité des confidences, le partage, m’apparaîtront évidents, tout autant que le sera l’intensité du fluide qui distinguera cet échange si particulier des autres. C’est un mélange d’éléments extérieurs et de cheminement personnel, qui peut être suscité mais surtout pas brusqué, et que certains signes avant coureurs laissent peut être implicitement augurer. Extrêmement rares sont les personnes avec qui j’y parviens. Mais si tel est le cas, il n’y a plus alors besoin de dire « Sésame ouvre-toi »…


A toi qui ne lira [probablement] jamais ces lignes…

4 commentaires:

Anonyme a dit…

Ivresse des mots, rondeur du propos, doucement le verbe s'éteind et la réflexion survient..

DAN a dit…

Un hommage à qqn qui ne saura jamais qu'on lui a rendu hommage...

meteor a dit…

@ thanos: si ce message avait été anonyme, je crois que j'aurais quand même reconnu l'auteur ;)

@dan: euh, hommage ça me fait presque penser à hommage posthume et c'est un peu fort; j'aime mieux pensée ou clin d'oeil !

DAN a dit…

Mais un hommage c'est un forme de clin d'oeil nan ? Faut juste que tu l'associe pas à posthume... D'ailleurs y'a pas de raison que tu le fasse... Elle est pas fragile ? (enfin je veux dire au niveau santé)...