Soupe de langues
Forcément un aéroport c’est un mélange surréaliste de peuples et de nationalités, un concentré de la planète à l’échelle locale. Et quand tout ce petit monde communique, ça donne une belle soupe de langues, une mixture difforme d’idiomes des plus exotiques aux plus courants, mâtinée des accents les plus improbables. Et comme beaucoup de ces gens se retrouvent souvent perdus, paniqués, le besoin d’informations est grand. Aussi une bonne partie de mon boulot consiste donc à répondre aux questions les plus diverses (et éventuellement à tenter de les comprendre parfois), qui tournent pour beaucoup autour d’aspects pratiques.
C’est ma fois bien plaisant de se retrouver à (essayer de) communiquer – certes basiquement la plupart du temps – avec cette planisphère qui défile sous vos yeux. L’occasion de moments chaleureux, parfois drôles, voire touchants ; de temps en temps, on aurait d’ailleurs bien envie de prolonger le contact…par des cours de linguistiques of course !
Le problème c’est qu’il n’est pas nécessairement aisé de se comprendre quand vous parlez seulement français, anglais, que vous avez des restes d’espagnol, et que votre interlocuteur ne maîtrise aucun de ces langages. Et on a beau dire qu’on se comprend toujours par les signes, essayez donc de traduire détaxe, salle d’embarquement ou escalator avec votre corps ! A moins d’avoir suivi des cours d’interprétation scénique avec Raphaëlle Ricci, c’est impossible (oui, souvenez vous du « faites moi un fer à repasser »).
Du coup, on improvise, on invente, bref on fait ce qu’on peut pour rendre service (parfois on espère quand même qu’on ne recroisera pas la personne car on a de légers doutes sur la réponse voire sur la question).
En tout cas, je n’ai jamais autant pratiqué l’espan-glish, l’ita-gnol, le portuga-gnol, l’anglais dans à peu près toutes les accents possibles, etc…J’ai aussi fait de réels progrès en compréhension du portugais (et puis je fonds pour l’accent brésilien, trop chââleuuuur) ou en déchiffrage du français à la sauce africaine (moi yen a pas tout piger à ce que toi vouloir dire moi). Mais mon plus grand moment c’est quand j’ai du aider un portugais bègue, malentendant et semi-muet (rien que ça !); à l’heure qu’il est, il erre peut être toujours dans un bas fond de l’aéroport, à la recherche de son terminal…
Il y a des cas où il faut surtout essayer de ne pas rire même si l’accent est épouvantable ou qu’on n’y pipe mot. A ce niveau les Indiens sont mes préférés (il faut par contre leur reconnaître un niveau d’anglais à des années lumières au dessus du niveau moyen par chez nous, sans compter que question accent, on n’a pas non plus de quoi à être fiers). J’ai pas mal pratiqué avec beaucoup d’entre eux ces 2 dernières années, notamment aux Etats-Unis ou dans mon précédent boulot et ils méritent selon moi la palme du pouvoir comique, ne serait ce que pour leur roulement de r (« Good Morrrrrning »).
Evidemment on rie moins quand on se rappelle soudain qu’on rame à comprendre et, le cas échéant, à répondre. Ainsi, l’année dernière, j’avais chaque semaine une conf’ call (une conférence téléphonique quoi !) avec le siège de ma boîte et divers intervenants extérieurs où on passait en revue tous les dossiers de notre service ; un moment sérieux donc, où des consignes étaient données et où il fallait argumenter, ce qui n’est pas toujours évident quand ça concerne des choses intangibles et/ou subjectives et que tout cela se discute dans une langue qui ne vous est pas maternelle. Mais quand en plus votre interlocutrice au siège – et accessoirement supérieure hiérarchique – donc pivot de l’échange est Indienne, ça prend régulièrement des airs de Mission Impossible. Ajouter à cela l’écho du téléphone, le décalage dans l’échange, ceux qui soufflent dans le combiné parce qu’ils ne savent pas le tenir et vous êtes bons pour des séances de pagaye intensif. Pourtant au moment fatidique du « any question ? », vous n’êtes pas forcément enclins à vous faire remarquer alors vous priez très fort pour que l’agence de pub ait compris, elle. Et sitôt le combiné raccroché, vous l’appelez; souvent, la réponse tombe, lapidaire: « moi aussi, j’ai rien compris à ce qu’elle a dit »….Aaaaaaaargh!
Une parodie trouvée sur Youtube que je croirais tournée dans mon ancienne boîte tellement c’était ça (et ça doit l’être dans beaucoup !):
2 commentaires:
Haha, j'ai eu le même problème une fois avec un couple de Apu & Mandjula (© Simpsons) me demandant en anglais la cathédrale de Notre Dame (juste derrière eux à l'autre bout de la place de l'Hotel de Ville)... J'ai bien mis 2 bonnes minutes à les faire répéter Notre Dame avant de comprendre...
tiens, mon dernier post à pour sujet les langues... et le soleil ;)
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