vendredi 24 août 2007

The Terminal - Episode 1: uniforme, mythe et réalité

En décrochant ce job d’été, j’ai été amené à porter un uniforme, pour la première – et sans doute dernière fois – de ma vie. Avant de commencer, c’était un motif d’amusement voire d’une certaine forme d’excitation ; 4 mois plus tard, l’imagination – pour ne pas dire les phantasmes – a cédé la place à la réalité du quotidien….

D’abord c’est vite chiant de se retrouver avec une tenue imposée. Ca évite certes les interrogations existentielles au saut du lit (je mets la chemise rayée bleu et blanc ou la chemise rayée blanc et bleu ?) mais en même temps on se lasse rapidement de porter éternellement le même ensemble fade et d’être plus ou moins le clone de ses collègues, ce qui fait peur quand on voit certains d’entre eux…Non mais pourquoi me faire rentrer dans le même moule que ces veaux ? Sans compter que si on peut parfois se sentir classe dans un costard, on peut aussi se sentir très con : le week end à 6h du mat’ dans le métro quand on croise les noctambules rentrant de soirée (heureusement certains sont dans des états tels qu’on se sent finalement plus honorable) ou quand on enchaîne directement une sortie après le boulot, sans avoir la possibilité de se changer, et qu’on passe ainsi pour le pingouin de service...Enfin, parfois, on inspire tellement pitié qu’une bonne âme se dévoue, tel le soir du 14 juillet quand un charmant garçon épris de me voir dans cette tenue si funky au milieu de tous ces beaufs touristes m’a gentiment proposé une séance de free-hugs, à laquelle je n’ai pas osé dire non…(et je n’avais même pas mis mon t-shirt spécial Free Hugs (cf. vidéo)).

Dans mes rêves de papiers glacés, j’avais naïvement cru pouvoir goûter à des étoffes et à un style qui approcherait le comble du sublime poussé au paroxysme de l’intemporel ; il fallait bien de la haute-couture pour représenter dignement l’image de la France auprès de la upper-class internationale que je serais amené à cotoyer. D’ailleurs, on m’avait demandé de venir avant le début de mon contrat pour « prendre [mes] mesures » ; du coup, je pensai être reçu comme un pacha par une armée de couturières, me donnant ainsi l’illusion de jouer dans « Meteor et les millionaires », ce qui, d’une certaine façon, était une vision possible de ce boulot.
D’où ma déception quand j’ai vu la banalité de ma tenue : classique et cheap en plus ! Pensez donc, du polyamide plutôt que de la soie ! Le pompon fut atteint à la réception des chaussures, sorte de godillots immondes qui donnent la démarche chaloupée et terriblement stylée d’un plongeur sortant de l’eau avec ses palmes…Mais le ridicule ayant ses limites, j’ai joué mon rebelle en continuant à porter mes propres chaussures, prétextant une incapacité de mon pied à supporter le made in China...Et puis c’est ma façon à moi de soutenir l’économie de mon pays et de lutter ainsi contre les délocalisations !

Reste que dans beaucoup d’imaginaires le mot uniforme fait fantasmer.
Eh bien, accolé à « agent d’aéroport », il semble que la connotation fantasmatique de la chose soit tout de suite moins évidente… Pas de symbole d’autorité, d’engins ou d’objets rutilants, moins de muscles, pas de casernes (juste des tapis à bagages)…Pfff, une vraie injustice…

On remarque vite que l’uniforme attire le regard des gens mais davantage les regards perdus que les regards en coin…Certes, je ne me suis jamais fait autant abordé, mais pour des aventures bien plus pratiques et prosaïques qu’érotiques. Ou alors il y a un message caché dans des questions telles que « Où sont les toilettes ? », « Vous savez où on peut boire un coup ? », etc, que dans ma grande naïveté je ne perçois pas. Il y a bien quelques personnes chez qui j’ai noté que la question était un peu un prétexte, mais bon, difficile de conjuguer boulot et loisirs…

Curieusement, j’ai quand même noté une certaine propension à aller bien au-delà de mon rôle dans quelques cas, bizarrement corrélée au physique et au charme des individus qui en étaient les acteurs…J’ai souvent fait de mon mieux pour aider les mamies argentines ou brésiliennes mais pas autant, il faut l’avouer, que pour ce charmant italo-new yorkais qui m’avait pourtant dérangé en pleine pause…Il a eu droit à un service d’escort jusqu’à sa destination et pris uniquement de pitié – surtout pas d’envie ! – je lui ai même passé mon téléphone pour qu’il passe ses communications…Tout ça pour m’annoncer 10s. plus tard qu’il se rendait chez sa copine française….Grrrrrh….Et moi qui lui posait des questions sur son séjour, imaginant lui servir de guide dans notre bonne capitale…Enfin, dans l’histoire j’ai eu droit à « Oh, my friend, I don’t know how to thank you ! » (euh, si tu insistes, j’ai bien quelques idées) et j’ai gagné son adresse e-mail pour la prochaine fois où j’irais à New York…Yeah !

Par contre, vêtu d’un accoutrement qui nous distingue de M. Jeparsenvoyaged’affaires ou de Mme Jeparsenvacances, on est aussi plus facilement identifiable; d’où des problèmes pour être discret et passer inaperçu dans certaines circonstances. Non, je vous le dis, c’est parfois difficile de mater, de résister à certaines pulsions ou de cacher certains phénomènes quand on ne peut s’abriter derrière un relatif anonymat ou des artifices que la fonction interdit (lunettes, journal, bureau…)…Tout ceci ne m’a pas empêché de satisfaire au moins le plaisir des yeux, pas toujours discrètement d’ailleurs…[On se limitera volontairement à cette notion, ce blog n’ayant pas vocation à tout raconter…oui, excuse facile pour ne pas aller plus loin J]. Il y a quand même quelques passagers avec qui je me serais bien envoyé en l’air – je parle de prendre l’avion – ou a qui j’aurais volontiers introduit…les charmes de notre pays of course.

NB : pas de photo ici de ce déguisement cette magnifique tenue de fonction, discrétion oblige ; mais les plus curieux pourront en trouver une ailleurs…;)

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