mardi 24 juillet 2007

Ma première bonne grosse honte en public



Sur son blog des premières fois, Fcranck consacre notamment un volet aux premières hontes et c’est tordant à lire. Du coup, ça m’a donné l’idée de replonger dans mes souvenirs pour tenter de retrouver la première belle affiche que je crois m’être payé.

Quand j’allais en vacances chez ma grand-mère à Trou-du-cul-du-monde, une des rares attractions de la semaine c’était…la sortie à Leclerc…(oui, vous ne rêvez pas).
L’occasion de voir enfin un peu de vie, de croiser plus d’êtres humains que de vaches, de retourner quelques instants à cette chère société de consommation. Bon, bien sur rien à voir avec mon hypermarché de ma ville à moi mais c’était déjà mieux que la supérette du village tenue par Josiane-je-souris-jamais et ses 2 caniches à la con.
Par contre faire les courses avec ma grand-mère, c’était pas très funky. Liste en main, elle filait vers ses rayons alimentation sans jamais prendre la peine de s’arrêter devant le Nutella, le Coca, les gâteaux, les jouets…Si déjà on avait droit à nos céréales préférées on pouvait s’estimer heureux et quand on avait droit à l’original (les Kellog’s plutôt que la sous marque) c’était la fête (bon, à sa décharge, mamie en avait un peu marre de collectionner les paquets de céréales pleins pour le jouet offert avec) ! Du coup, plutôt que de pousser le chariot, je filais au rayon journaux-magazine (oui, j'étais ingrat en plus).

Ce jour là, comme à mon habitude j’avais fait un vaste tour d’horizon des présentoirs. Le problème c’est qu’à 12 ou 13 ans, quand on a encore de très hautes ambitions (« un jour, je serai président »), ça le fait pas d’avoir certaines lectures. Alors, quand je lisais un magazine indigne de mes aspirations (genre Voici ou Gala), je le cachais derrière un autre de facture bien plus convenable (Le Revenu, Beaux Arts magazine). En plus, ça me permettait d’en jeter un max au milieu de ces autochtones qui s’arrêtaient souvent au rayonnage du bas, vous savez celui où on trouve les journaux TV, people et pour adolescentes attardées ou hystériques (ça va souvent de pair).

Par contre, j’avais oublié un détail : la caméra de surveillance.
Au bout d’un bon moment, je fus interrompu dans ma lecture philospohique par un ersatz de gardien de sécurité, un jeune sans doute là pour l’été, qui avait visiblement le niveau intellectuel pour le job mais même pas l’apparence physique. Après s’être présenté, il me demanda de lui montrer les journaux que j’avais lu. Surpris et déjà un peu rougissant, je l’orientais vers les quelques lectures de qualité que j’avais faites (oui, ça m’arrive aussi) mais il cherchait visiblement plutôt celles que je prenais justement la peine de dissimuler. Après quelques secondes, il sortit du linéaire un magazine que j’avais eu l’erreur de ne pas remettre à sa place en m’apostrophant bien fort : « Et tu lisais ça aussi. Tu sais que c’est un journal pornographique, interdit au moins de 18 ans ?! ».
Ça y est le mot était laché : « pornographique » ! Si jeune et déjà pervers, obsédé, etc…Tout le rayon était déjà retourné me regardant mi-choqué mi-amusé et suivait, avec la discrétion habituelle des gens qui s’occupent surtout des oignons des autres, mes vaines tentatives de dédouanement. Car, oui, 11 ans après, je l’affirme encore : ce n’était pas un journal de cul ! Juste une revue satirique à la Fluide Glacial contenant caricatures, BD légères et parodies de pub. Je me souviens juste avoir aperçu une paire de seins en photo, c’est dire…D’ailleurs, je me rappelle avoir trouvé ce canard, certes tout en haut des rayonnages, mais surtout à côté de La Revue des Antiquaires. La preuve que ça devait être chaud…En plus, il n’y avait pas me semble t-il (et à mon grand regret) de magazines olé-olé dans ce supermarché, sans doute pour ne pas choquer les bonnes âmes du coin.
Après avoir subi 5 minutes de honte devant public et sans avoir pu faire entendre au représentant de la morale que la lecture de ce magazine n’avait rien de répréhensible, je fus bon pour la deuxième couche, celle qui parachève le travail. Ma grand-mère arriva pour venir me dire qu’elle avait fini et fut alors instantanément apostrophé par l’agent de sécu qui lui brandit le journal à la tête en répétant bien fort que je lisais des magazines « pornographiques et que [c’était] interdit par la loi »…Je n’étais plus rouge mais écarlate. De toute façon, je ne faisais même plus attention à ce qui se passait autour de moi, je pensais juste à fuir, sortir, au plus vite. Ma grand-mère coupa court à la discussion avec l’agent et nous partîmes sous les commentaires et la vindicte populaire, moi bafouillant qu’il racontait n’importe quoi, elle m’assurant (hypocritement ?) qu’elle me croyait et qu’il faisait du zèle, ce qui lui vaudrait une lettre de réclamation qu’elle ne manquerait pas d’envoyer à la direction du magasin. Problème, elle avait juste vu le titre du magazine, « Zoo » (si je me souviens bien), et les déductions qu’elle pouvait en faire m’inquiétaient au plus haut point (« obsédé et zoophile en plus ! »)…

Evidemment, une honte ne valant que si elle est partagée, nous étions à peine sur le parking du supermarché que Mamie s’empressa de raconter ma mésaventure à Mme Machin que nous croisions. Quelques jours plus tard, ma tante cette fois me proposa de l’accompagner faire les courses ; comme je déclinai (mystérieusement !) la proposition, elle crut bon d’ajouter : « viens, tu pourras aller au rayon journaux lire les magazines pornos »….Ca y est le téléphone arabe avait commencé…

2-3 années plus tard, je fus surpris par ma mère alors qu’une photo de mec à poil s’étalait en large sur l’écran de l’ordinateur familial. Je crus bon de bafouiller je ne sais quelle excuse à la con (oui, je regardais des photos de voitures quand j’ai ouvert un répertoire « perso » et y a cette photo qui est apparue »), m’enfonçant encore un peu plus. Heureusement pour moi, ni elle ni mon père ne soupçonnaient l’existence des dossiers « Historique » et « Temporary Internet Files »…Depuis, j’ai appris à nettoyer les traces de mon passage (et surtout j’ai mon ordi portable où je ne laisse personne ou presque rentrer !)…

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Huhuhu quel pervers !!

J'ai tellement de grosse honte en stock que je saurai même pas laquelle choisir comme anecdote ici... Le pyjama à la rentrée, pareil une image de mec à poil mais sur l'ordi du collège, un geste intime à un mec qui ressemblait à mon copain de dos...

ekkooo a dit…

Parce que les temporary files ont failli me coûter une relation... (qui est fini depuis :'-( ). Mon "mari" avait préféré m'acheter un powerbook à moi... et comme il ne connaît rien au mac, il n'a jamais pu voir sur quels sites je surfais.